L’Histoire

La Casamaures a été classée monument historique en 1986 par le Ministère de la Culture.

Elle est protégée pour son double intérêt: son style orientaliste, témoignage de l'engouement européen pour les cultures d'Orient, et pour sa technique novatrice de construction: le ciment moulé. C'est un prototype de préfabrication " en pierres factices ", fabriquées en atelier. C'est un chef d'oeuvre des artisans-mouleurs grenoblois qui utilisèrent les premiers ciments prompts

La "Villa les Magnolias", dans son écrin de feuillage de magnolia grandiflora est un petit palais exotique qui surplombe l'Isère, intriguant les passants de l'ancienne route impériale de Lyon. Construit sur quatre niveaux sur le rocher de Saint-Martin-le-Vinoux, on y accédait par un parc agrémenté de bassins et sculptures, ceci jusqu'à l'installation des entrepôts du Bon Lait en 1952. La Casamaures est décorée de cheminées turques en plâtre ciselé, de tapisseries peintes à la main et de décors en trompe l'oeil dans le salon et la salle à manger. Le jardin d'hiver a une façade de bois inspirée des Villas du Bosphore. Les trois façades en béton sont composées de moulures d 'arabesques rehaussées de peinture bleu outremer. Cinquante-deux colonnes forment la structure porteuse de tout l'édifice.

Aux croisées des menuiseries, des vitraux sont ornés de coeurs bleus et d'initiales.

Dans les arcs outrepassés et lancéolés, de mystérieuses calligraphies en arabe classique parlent d'amour.

36 moucharabiehs en bois découpés sont reconstitués pour filtrer la lumière.

Un bâtisseur novateur: Joseph Jullien dit Cochard. Né le 02 février 1803, rue de Turenne â Grenoble, ce créateur passionné se fit construire à 52 ans, un petit palais sur les contreforts de la Bastille. Des jardins en terrasses dominaient l'Isère et l'Esplanade, dans la ligne de mire de deux pyramides montagneuses: Le Pieu et l'Epérimont. Grand amoureux, il se maria à trois reprises. En première noce, il avait 29 ans lorsqu'il épousa Rosine Cochard, une jeune couturière de 15 ans (1817-1846). En seconde épousailles, Jeanne Marie Laverriere (1800-1873) était "marchande de nouveautés" dans sa boutique de mode place Grenette.

Elle l'accompagnait lorsque l'aventure de la construction du palais mauresque commença en 1855. Deux fois veuf sans enfants, il épousa ruiné Alexandrine, mère de deux enfants naturels. Malheureusement à la mort de Joseph Jullien âgé de 83 ans, on perd la trace de sa troisième épouse. Les archives personnelles sont dispersées. Vingt trois ans après sa construction, il était ruiné pour cette "folie" orientaliste construite dans les feuillages d'un parc ornemental. Ce constructeur d'utopie dut la céder à son créancier le docteur Minder.

De splendeur en décadence, pendant un siècle cette demeure connut le morcellement des héritages, les dégradations des guerres et des clochards qui amplifièrent en une décennie les dégâts des eaux et du temps. Ce petit palais haut en couleurs a la vulnérabilité d'un château de sable …

En 1981, cette belle ruine est rachetée et sauvée in-extremis par une artiste grenobloise qui l'a renommée La Casa Maures/ Cas'amore.


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