03 mars 2005

Bon anniversaire la grande, merci de m'envoyer des mails pour le blog
"Je me rappelle la première fois où je suis entrée dans la maison en ruine
Après l’achat le 19 mars 1981
Ce jour là, ma sœur propose à nos parents et à moi-même de visiter la maison de ses rêves.
Une porte en bois, qui s’ouvre au premier courant d’air, nous laisse découvrir aisément une maison à l’architecture exotique aux terrasses effondrées.
Nous déblayons les détritus dans les escaliers pour accéder au sommet à droite à un large couloir. Du semblant de toit l'eau goutte allègrement. En coulant sur les murs, elle dessine des clins d’œil d’arabesques éphémères et scintillantes.
Nous montons l’escalier en bois.
Au premier étage sont posés au sol des bassines qui récoltent l’eau du grenier lui-même récoltant l’eau du ciel puisque le toit est pratiquement virtuel.
On marche sur des planchers oscillants sur lesquels les rats et souris ont joué au Petit Poucet avec leurs excréments.
Des parpaings, des bouts de cartons ou des trous béants remplacent les baies vitrées.
* Dans une pièce encore plus dangereuse à traverser, tant le plancher est proche de l’effondrement, des blocs de polystyrène forment un cube d’environ deux mètres de côté à l’intérieur duquel des fils électriques dénudés sont branchés à un radiateur électrique !
Notre père, interrogatif au départ de l’expédition, blêmit de plus en plus au fil de cette visite et l’enthousiasme de ma sœur ne parvient pas à cacher la multitude de chantiers sur le gros œuvre avant qu’elle devienne habitable.
En arrivant, dans ce que l’on nomme à nouveau le jardin d’hiver, à la vue du désastre, il explose en commençant par " Tu es folle à lier ma pauvre fille ! "
Je vous passe la suite. Sachez seulement que les plus grands ténors ajoutés aux grandes ogues de Notre Dame de Paris n’auraient pas couvert sa voix.
Si la toiture n’était pas déjà effondrée, sûr que ce jour là on se la prenait sur la tête.
Pendant cette tonitruante conclusion de visite, j’observais les colonnades, cette façade débordante d’ornementations, les vitrages multicolores du 2eme sur lesquelles étaient dessinés de drôles de calligraphies et le seul petit cœur bleu, dans l’entrelacs de l’entrée du salon. Discrètement il palpitait ! J’étais fascinée, admirative et conquise. J’oscillais entre le désir de connaître son mystérieux passé et écrabouillée par la conscience des difficultés dans lesquelles ma sœur voulait s’engager.
Notre père, qui avait construit lui-même sa maison à Meylan, campa sur son opposition formelle et leva le camp en la laissant définitivement se débrouiller puisqu’elle l’avais acheté seule…
Elle s’obstina et se lança contre vents et marées dans cette incroyable aventure :
Haut les cœurs, les manches de chemises et chemisettes. Y’a qu’à tout restaurer !
" C’est un fameux palais fin comme un oiseau
hissez haut, Cas’ amore(s) "

24 ans plus tard, mes pas s’arrêtent devant la lourde porte étoilée.
"Salut la mirifique"
Geneviève

(Note de la claviste
Ce coin de chauffage provisoire était un refuge en auto-construction de Xavier du Trémolet de Lacheisserie: un architecte propriétaire avec son frère pour 5 ans et un mois de la maison en ruine. Il la revendit ainsi 6 fois plus cher sans plus value en 1981. Suivant le compte à rebours, en 1952 les Entrepôts du Bon Lait furent bâtis par la Société Laitière moderne, compagnie du grand Delta qui loga ses ouvriers dans la maison jusqu’en 1965, avec des bureaux au niveau des ateliers. Sans entretien, l’habitation devient insalubre. Selon les témoignages d’anciens locataires, suite à la chute d’une moulure de ciment de l'acrotère, un ouvier fut blessé.
Le toit de zinc percé laissé passer l’eau sur deux étages, jusqu’aux salons dont on voit encore des traces…
1965-1974: Les clochards s’installèrent faisant des feux avec les planchers, les placards, les portes…
Lire le constat de maitre N’Kaoua fin mars 1981
Grande Genevieve

1 Comments:

riri des écrins said...

Salut la merveilleuse et inépuisable CRISS, cest la premiere fois que j'écris sur un "blog" , j'espere que cela
fonctionnera ? car les ordres sont en anglais.
les premieres morilles sont arrivées dans notre assiette malgré le temps qui rapelle une fin d'automne ;
ton passage avec JEFF est encore présent dans notre mémoire et nous attendons votre prochain escapade imprévue à la ferme avec impatience.
Amitiés et a bientôt sur le blog
RICHARD

25/4/05 12:17  

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