30 mars 2005


De jeunes volontaires pendant un an donnent leurs énergies et offrent leurs solidarités pour aider des projets humanitaires en France, des associations dont les objectif sont généreux et altruiste.
En 9 jours, Vanessa, Julie, Gaelle, Benoît, Olivier dérouillent la grille d'accès de la porte d'entrée du monument. Ils déblayent la peste végétale des polygoniums bambous. Témoins de l'organisation d'une vaste organisation qui touche une centaine de bénévoles, ils assistent en direct à la lutte téléphonique pour persuader les services verts de la ville de Grenoble à venir avec un engin dégager les broussailles qui envahissent depuis 7 ans le talus, (achat par la Métropole des entrepôts riverains du Bon Lait, gestion culture Ville de Grenoble).
Ils assistent à l'arrivée du cadeau d'anniversaire: une palette d'une tonne de ciment artificiel offert par la Société Vicat. Un camion de big bag de tonnes de sable. La bétonnière orange de Geo descends de St-Pierre-de-Chartreuse pour l’atelier moulage de ciment.
Au quotidien, ils découvrent la patience et les impatiences face à l'inertie pour bébloquer par exemple un bloc de toilette mobile utile lorsqu'on reçoit plus de 500 personnes en un jour. Chaque jour, les mails communiquent pour la concrétisation des engagements de la ville de ST-Martin-le-Vinoux. Les services techniques s'activent pour poser les deux panneaux signalétiques, nettoyer le trottoir, monter la sono, amener des marabouts (qui finalement ne seront pas monté car le grand soleil est au rendez-vous). Gaelle, Delphine, Sophie aident à l'envoi de 500 invitations en mairie. Le buffet oriental est attendu.
Repas en commun sous le magnolia ancestral, thés et réunions de chantier. La Casaruche turbine, toutes les abeilles ouvrières dorment du sommeil du juste chaque nuit, suite des fatigues accumulées du mois de mars.
Neuf conteurs repètent le soir. Les jeunes musiciens jouent et s’échangent des déguisements. Nous attendons de joyeuses surprises…
Unis cité

19 mars 2005

Le 19 mars 1981, j’ai signé l’achat d’une villa, j’ignorai qu’elle changerait totalement ma vie. Pour le notaire maitre Grosset, c’est " l’histoire la plus rocambolesque de sa carrière ! Cette ruine est devenue un monument historique dont il est fier d’être un grain de sable positif dans l’histoire de son sauvetage.
Dans l’allée des pavés japonais en ciment prompt, j’attends le chauffeur de camion qui vient livrer deux big-bag. Quelques tonnes de sable pour constituer un atelier à ciel ouvert de moulages de ciment de " Sculptures de Jardins " afin de questionner concrètement le rapport Nature/culture.
Dans ce compte à rebours moins 13 jours avant la grande fête des 3 anniversaires du 2 avril, je me sens agitée de mille idées à réaliser mais des épaules pas assez larges pour pouvoir tout faire en autonomie. Il faut demander l’aide des 5 volontaires d’Unis-Cité. (Ces jeunes citoyens généreusement offrent un an de bénévolat a des associations humanitaires grenobloises). Ils voient que je souffre à monter et redescendre tous ces escaliers, mon corset me trahit lorsque je dois me baiser ramasser des outils, petite soldate courageuse je me tais et serre les dents, mais ils observent combien c’est lourd pour moi de transporter une simple chaise en plastique. Pourtant je continue de jouer au chef d’orchestre en guidant le chauffeur du camion de sable perdu dans la banlieue qui enfin arrive à 11h.
Tous les espaces extérieurs sont parcourus en tous sens par des jeunes avec des outils.
Delphine, Gaëlle, Sophie partent en vitesse en mairie pour mettre sous enveloppe 500 invitations officielles pour le 2 avril, 1/3 viendront voir l’expo, écouter les discours, manger des gâteaux et boire du thé à la menthe à profusion ! D’autres profiteront des aubades de jardin en musique et en contes…
L'équipe des 3 stagiaires du lycée Horticole : Julien, Katelle, Damien finit les plots de ciment de 9 arches de leur tonnelle et un chantier peinture bleu outremer. La tonnelle soudée et posée cette semaine avec l'aide de Fabien est inaugurées dans la joie par un repas sous le magnolia patriarche. 14 personnes se régalent du fraisier d’anniversaire de Delphine. Cette stagiaire de l’ESAIL Lyon avide d’information accumule les documents pour son diplôme d’architecte d’intérieur en juin " détails d’architecture en Or gris ".
Arrive Mélisdjane danseuse, conteuse avec un cadeau calendrier du Rahjastan et son technicien André-Paul Venans pour organiser les 3 spectacles de Mai en co-organisation avec le festival des des Arts du récit en Isère.
J’enchaine avec Christine Hays et l’association Fluid Image pour l’organisation du festival Zone IP de Juin. Tout le monde se croise sous le grand magnolia centenaire.
Arrivent nos voisins les jardiniers municipaux des Dauphins qui viennent nous montrer des " filles de l’air " pour le projet de décorer le grand magnolia grandiflora pour les Rendez-vous aux jardins du 5 Juin.
La petite ruche créative bourdonne de projets, un plaisir épuisant !
24 ans de travail quotidien, souvent je pense aux femmes anonymes qui remontent la terre des rizières, et je lève la tête vers les décors de couleurs, les colonnades encore étonnée de mon aventure casamauresque.
Le marchand de sable

Les étudiants me harcèlent de demandes pour découvrir mes archives. Autant les lister chronologiquement, ce que je fais ce soir de déluge de pluie. Mais de relire les papiers officiels me fait retomber dans des souvenirs d’aventures humaines, de tracas administratifs, de constat d’inertie quand on lit des courriers demandant au maire depuis 1986, la valorisation des abords …

Les aventures des trois rachats et la série des trois protections du monument historique, illustrent la saga de la casa.
1) Achat 19 mars 1981 à monsieur Xavier, Raymond François Marie du Trémolet de Lacheisserie et son frère Antoine. Le notaire maître Grosset m’avouera ensuite que cet " achat est le plus rocambolesque de sa carrière ", suite aux suspens de la signature du compromis de vente. Les rendez-vous étaient annulés par les deux frères et ils arrivèrent avec plus d’une heure de retard pour la vente. Un manque étrange de politesse peu aristocratique. Nous avons compris après, ses réticences par rapport à une jeune femme de 28 ans.
La lecture du constat du 23 mars 1981 de maître N’Kaoua, rétrospectivement me fait peur.
" Cette maison est dans un état de délabrement et d’insalubrité qui la rende inhabitable " et il énumère : fuites en toitures, infiltrations d’eaux, planchers vermoulus, plafonds éffrondrés, électricité câbles volants, radiateurs non reliés à une chaudière, bris de vitrages,… Un décor de roman policier bien noir avec des terrasses envahies de végétation et détritus divers.

Trois protections du Ministère de la culture intensifient l’intérêt de la globalité de l’édifice:
1) A la Préfecture de Lyon, la COREPHAE vote l'Inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, le 4 juillet 1985.
2) A Paris, le 24 février 1986, la commission nationale supérieure décide à l’unanimité le classement, (arrêté du 5 mai 1986)
3) Arrêté de Classement: MH 19 mars 1992 (extension de l’arrêté 5 mai 1986).
" Portant classement parmi les monuments historiques de la Casamaures en totalité, y compris les terrasses et l’Orangerie ".

Bilan : 11 ans jour pour jour, l’intégralité des 3 parcelles est protégée par le ministère de la culture, sur les 4 niveaux de l’architecture. Depuis l’inscription de 1985, la loi de 1913 de protection du périmètre de 500 mètres des abords devrait être appliquée.

Rapport de classement du 24 février 1986, par monsieur Enaud.
La maison Casamaures " a été édifiée sur une hauteur au-dessus de l’Isère de 1855 à 1867.
M. Thuillier insiste sur l’intérêt de cette villa représentant le début de l’histoire du béton et caractéristique du style néo-mauresque.
" considérant l’intérêt représenté par cet édifice dans le domaine de l’architecture orientaliste et en tant que prototype d’une technologie nouvelle, la commission nationale supérieure, donne un avis favorable… "

Quelle est la superficie de cet édifice ?
Il y a eu trois achat pour remembrer sous une même toiture ces trois parcelles. Je dois me replonger dans les textes, cherchant le " cadastre section AT ",
N° 301 d’une contenance de 40 ca (achat 5 juillet 1991). Appartement donnant au 13 rue de la résistance.
N° 302 d’une contenance de 6a 2 ca (8 janvier 1982), (suite au partage en 2 lots)
N° 319 d’une contenance de 2a 41 ca (24 octobre 1989), parvis orangerie à la société Cofradel, Compagnie française du grand Delta, lors de la vente des entrepôts à Peldis, une centrale de camions frigorifiques.
Total, une parcelle de 64. M2

Sur le POS, le site de la Guinguette, est une zone UD à vocation culturelle. C’est une hérésie quand on constate pendant 6 semaines l’envahissement d’un parking de masse de voitures de la foire de l’Esplanade pour les rameaux.

Quelle est la superficie habitable ?
C’est le plus difficile à estimer. Selon le froid hivernal ou la canicule estivale les salons, le jardin d’hiver, l’Orangerie sont gelés ou étouffants avec l’effet de serre des vitrages.

Le ministère n’oblige pas à ouvrir aux visiteurs.
Dés l’achat, l’association arbrico organisait déjà des évènements avec des artistes. La muse Casamaures depuis 24 ans fait de l’aide à la création contemporaine, non subventionnée.
ministere culture d'inscription en classements

17 mars 2005

Deux classes de l’école Village sont descendues du côteau par la rue de la Libération. De loin on a entendu le pépiement exité des photographes amateurs venus en reportage dans une maison aux couleurs de l’arc-en-ciel…
La transformation de l’Orangerie en une chambre noire géante sert de mystérieux laboratoire aux lampes rouges. L’alchimie de la transformation du papier blanc en image fascine les petits qui adorent les expérimentations. Christophe Huret essaye de contenir l’enthousiasme des galopins qui courent de partout dans les jardins avec leurs boîtes à lait transformée en appareil magique pour saisir les facettes immatérielles de ce décor bâti sur 4 niveaux. Des fillettes posent très sérieuses. Les copines sont ensuite surprises de se retrouver toutes blanches, sens inversé, avec les déformations des rambardes qui se contorsionnent en envolées lyriques. Le charme désuet des sténopésphotographies défie le réalisme. Ils apprennent à voir, à prendre le temps de sélectionner un fragment, le cadrage d’une scénette.
Les garçons s’approprient la grande moto de Jeff et les filles des parterres de fleurs. Elles posent très sérieuses adossées à une colonne ou devant les cadrans solaires peints.
En notre période de jetable, de photos numériques, ils apprennent le temps de créer et développer des images comme il y a 150 ans au milieu du XIXe siècle.
Ils posent, essayent de ne pas bouger tout en comptant à voix haute jusqu’à 49, un exercice de calcul imprévu qui demande un très grande concentration. Tous les jardins s’égayent de rire. Des instants poétiques déclamés en chiffres font des échos sur les terrasses. C’est une belle journée d’échappée de classe en vacances sous le chaud soleil du printemps. Les premières fleurs: violettes, jonquilles, narcisses, jacinthes pointent en sortie frileuse de l’hiver. Il y a juste une semaine, c’était un jardin de neige.
Les complices petits nains de jardins se chuchotent des secrets et se penchent l’œil expert vers les végétaux, les coquilles d’escargot, trois coquillages égarés. Ils chassent des trésors miniatures. Les deux poissons un rouge et un albinos nagent en vedette dans le petit bassin miroir du grand magnolia. Mes petits voisins du côteau du Belvedere sont devenus des explorateurs des détails d’ornement d’un monument.
photographes-explorateur

03 mars 2005

Bon anniversaire la grande, merci de m'envoyer des mails pour le blog
"Je me rappelle la première fois où je suis entrée dans la maison en ruine
Après l’achat le 19 mars 1981
Ce jour là, ma sœur propose à nos parents et à moi-même de visiter la maison de ses rêves.
Une porte en bois, qui s’ouvre au premier courant d’air, nous laisse découvrir aisément une maison à l’architecture exotique aux terrasses effondrées.
Nous déblayons les détritus dans les escaliers pour accéder au sommet à droite à un large couloir. Du semblant de toit l'eau goutte allègrement. En coulant sur les murs, elle dessine des clins d’œil d’arabesques éphémères et scintillantes.
Nous montons l’escalier en bois.
Au premier étage sont posés au sol des bassines qui récoltent l’eau du grenier lui-même récoltant l’eau du ciel puisque le toit est pratiquement virtuel.
On marche sur des planchers oscillants sur lesquels les rats et souris ont joué au Petit Poucet avec leurs excréments.
Des parpaings, des bouts de cartons ou des trous béants remplacent les baies vitrées.
* Dans une pièce encore plus dangereuse à traverser, tant le plancher est proche de l’effondrement, des blocs de polystyrène forment un cube d’environ deux mètres de côté à l’intérieur duquel des fils électriques dénudés sont branchés à un radiateur électrique !
Notre père, interrogatif au départ de l’expédition, blêmit de plus en plus au fil de cette visite et l’enthousiasme de ma sœur ne parvient pas à cacher la multitude de chantiers sur le gros œuvre avant qu’elle devienne habitable.
En arrivant, dans ce que l’on nomme à nouveau le jardin d’hiver, à la vue du désastre, il explose en commençant par " Tu es folle à lier ma pauvre fille ! "
Je vous passe la suite. Sachez seulement que les plus grands ténors ajoutés aux grandes ogues de Notre Dame de Paris n’auraient pas couvert sa voix.
Si la toiture n’était pas déjà effondrée, sûr que ce jour là on se la prenait sur la tête.
Pendant cette tonitruante conclusion de visite, j’observais les colonnades, cette façade débordante d’ornementations, les vitrages multicolores du 2eme sur lesquelles étaient dessinés de drôles de calligraphies et le seul petit cœur bleu, dans l’entrelacs de l’entrée du salon. Discrètement il palpitait ! J’étais fascinée, admirative et conquise. J’oscillais entre le désir de connaître son mystérieux passé et écrabouillée par la conscience des difficultés dans lesquelles ma sœur voulait s’engager.
Notre père, qui avait construit lui-même sa maison à Meylan, campa sur son opposition formelle et leva le camp en la laissant définitivement se débrouiller puisqu’elle l’avais acheté seule…
Elle s’obstina et se lança contre vents et marées dans cette incroyable aventure :
Haut les cœurs, les manches de chemises et chemisettes. Y’a qu’à tout restaurer !
" C’est un fameux palais fin comme un oiseau
hissez haut, Cas’ amore(s) "

24 ans plus tard, mes pas s’arrêtent devant la lourde porte étoilée.
"Salut la mirifique"
Geneviève

(Note de la claviste
Ce coin de chauffage provisoire était un refuge en auto-construction de Xavier du Trémolet de Lacheisserie: un architecte propriétaire avec son frère pour 5 ans et un mois de la maison en ruine. Il la revendit ainsi 6 fois plus cher sans plus value en 1981. Suivant le compte à rebours, en 1952 les Entrepôts du Bon Lait furent bâtis par la Société Laitière moderne, compagnie du grand Delta qui loga ses ouvriers dans la maison jusqu’en 1965, avec des bureaux au niveau des ateliers. Sans entretien, l’habitation devient insalubre. Selon les témoignages d’anciens locataires, suite à la chute d’une moulure de ciment de l'acrotère, un ouvier fut blessé.
Le toit de zinc percé laissé passer l’eau sur deux étages, jusqu’aux salons dont on voit encore des traces…
1965-1974: Les clochards s’installèrent faisant des feux avec les planchers, les placards, les portes…
Lire le constat de maitre N’Kaoua fin mars 1981
Grande Genevieve

01 mars 2005

Katell, Julien, Damien, Sophie tentent de s'envoler d'une terrasse enneigée
Tapis volants sous la neige