20
ans aprés la première protection du
ministère à Lyon, les officiels du
ministère viennentpour une inspection
générale des chantiers de La Casamaures
Deux
inspecteurs nationaux de l’administration et de
l’architecture : monsieur Macep de Lepinay et monsieur
Gratier, sont venus de Paris ce Jeudi 19 mai, pour une
visite des 24
ans de chantier de la Casamaures. Cette demeure
orientaliste
représente une innovation technique avec deux
étages aux façades en ciment moulé.
C’était un chef-d’œuvre en
péril en 1981. Grâce à une initiative
privée et la tenacité d’un travail
quotidien, cette belle ruine a été
sauvée in extrémis.
La
protection de 500 métres de périmètre
des monuments historiques est applicable depuis son
inscription par la
Corephae à Lyon en juillet 1985. Le dossier a
été ensuite transmis à Paris
où la commission nationale supérieure du
ministère de la culture a voté le classement
à l’unanimité de cette architecture
unique dans l’histoire de la construction
française en mai 1985. Renforçant ce classement,
en 1992 une extension sur l’intégralité
de la parcelle de 848 m2 indique désormais qu’elle
est protégée officiellement des fondations
à l’Orangerie jusqu’aux toitures de
zinc. Tous les amateurs d’histoire et d’art
attendent la valorisation des abords et de l’ancien parc
exotique du monument depuis 20 ans !
Les
colonnades des façades n’ont pas
d’armature métallique, aussi elles sont
particulièrement sensibles aux vibrations du trafic
intense
des voitures sur les 2 voiries qui l’encerclent ( 15 000
voitures par jour la départementale et 45 000 sur
l’autoroute A48, qui est à 50 mètres
à l’ouest du monument juché sur le
rocher de Saint- Martin-le-Vinoux).
A 11h,
l’équipe d’inspection du
ministère de la culture avait ensuite directement
rendez-vous à la Direction Départementale de
l’Equipement pour s’informer de visu des derniers
projets de SETEC remis à la DDE en janvier 2005. Les
inspecteurs et responsables culturels de la Direction
Régionale des Affaires culturelles de Lyon sont venu sur
place s’informer sur la " Rocade Nord " avec un pont en
face
et une nouvelle voirie qui toucherait les immeubles et
fortifications
de Grenoble, et l’ancien parc du monument à 20
mètres, en passant sur les entrepôts " Le Bon Lait
" édifiés en 1952.
Les techniciens
ne cachent pas leurs préoccupations des travaux qui
saperaient les fondations séculaires d’un
bâtiment sur quatre étages ancré sur
les contreforts ouest du massif de Chartreuse.
Les
responsables du Service Départemental de
l’Architecture et du Patrimoine étaient
également présents. Ils doivent suivre tous les
chantiers de modification du périmétre de 500
mètres depuis 20 ans. Ils sont alertés
dès qu’il y a des parkings de masse sans
autorisation légale, avec le mauvais exemple pendant six
semaines à Pâques dernier, de centaine de voitures
sur le terrain mitoyen longeant les dernières
fortifications
construites en 1884 pour protéger Grenoble.
M.
Tillier : architecte en chef montrait les derniers plans
sur 4 niveaux
de ce monument fragile et unique, un " prototype de luxe
des
premières préfabrications ". Un challenge sauver
les façades, des kilomètres de liserets de
peinture sur 52 colonnes... refaire les terrasses en forme
de
promenoirs...
Entre les fonctionnaires du
ministère de la culture et le ministère de
l’équipement,du préfet qui
représente l’Etat, le débat est
largement ouvert sur les lois de protection entre culture
et voiture au
nom de l’intérêt public et de
l’image de marque patrimoniale et touristique de la porte
d’entrée de la ville de Grenoble.
Il
me questionne en tant que maître d’ouvrage de tous
les chantiers. En plus des frais d’entretien, sur les
grands
chantiers 40% sont à sa charge, (les subventions aident de
40% Etat et 20% le conseil général de
l’Isère).
Le classement
n’oblige pas les propriétaires à ouvrir
les monuments au public. Dès son rachat il y a 24 ans, les
lieux étaient ouverts aux amis artistes, aux associations
qui profitent du décor orientaliste au grand plaisir des
visiteurs qui suivent les aventures de la reconstitution à
l’identique de cette demeure de caractère et de
charme, une rencontre exceptionnelle entre culture
d’orient
et d’occident.
Bien sur, nous avons
évoqué la rencontre avons le ministre Aillagon
et
la sélection du Prix Carrefour à Paris.
...
Cette
inspection exceptionnelle est le résultat de notre
expédition avec Geneviève en janvier 2004. Dans
les salons d’apparat ornés des ors de la
République du ministère, les fenêtres
donnaient sur l’installation de Buren dans le Palais
Royal.
Le
prétexte était le concours national Carrefour
avec un candidat pour chaque région française.
Sélectionné par la DRAC, nous
représentions le patrimoine bâti pour la
Région Rhône-Alpes.
(Le
chèque final fut reçu pour une ferme
traditionnelle d’Alsace bien française!)...
J’ai
pu y discuter longuement avec le Ministre de la culture de
l’époque : M.Aillagon en profitant pour lui
remettre un dossier protection du site.
Le
même après-midi dans les bureaux de la Direction
du patrimoine, ce fut une belle occasion d’une rencontre
particulière avec le directeur qui connaissait
l’originalité sur le plan national de cette
architecture " un Unicum ". En consultant les derniers
articles parus
dans le Métroscope sur les projets de la Rocade Nord, les
tracés d’intention parus publiquement dans les
journaux en 2003 et les stands officiels de la communauté
des communes, ce haut fonctionnaire était, comme tous les
professionnels, étonné, voir
scandalisé de la proximité du nouveau
tracé de voirie et du pont prévu dans le
périmètre direct de deux monuments : Casamaures
et Fortifications de Grenoble.
En discutant dans la
soirée avec M. Aillagon, même réaction
et constat du danger destructif de voirie creusée sur le
rocher contre les fondations du monument. Un projet voté
unanimement par les élus locaux en 1999 dans les
périmètres classés malgré
les lois de protection des abords ! Je lui ai fait part de
nos
inquiétudes sur l’avenir des lieux. De la
contradiction d’être aidé de 40% sur les
chantiers en convention avec le ministère de la culture et
d’autre part , être menacé le
Ministère de l’Equipement avec les plans
réalisés par la DDE. avec
l’accroissement prévisible de vibrations des
voitures (65 000 voitures + 30 000 à l’avenir).
En
aparté, des hauts dignitaires nous parlaient du pont de
l’île de Ré et des scandales aux
retentissements nationaux, européens…
Conseil:
il vaut mieux faire de la prévention que de subir en
dernière minute les dossiers finalisés de
l’APS.(qui sera rendu fin 2005)
Les
ingénieurs de la DDE m’ont
déjà reçu et sur ordre du directeur
viennent découvrir de visu les lieux et leurs contraintes
dans un soucis de concertation… mais quelle pouvoir ont
habitants et associations face aux volontés des
administrations suivant les décisions des élus,
chacun sait que l’urbanisme est politique !
En
1981, lors de l’acquisition de la CasaMaures,
j’étais la permanente de l’Atelier
Publique d’Urbanisme de Meylan, avec tous les
problèmes de concertation entre habitants de
Béalières, architectes et élus.
J’ai l’impression de revivre actuellement la
même utopie participative. Je suis intimement convaincue
que
la concertation est un leurre, une apparence de lâcher
prise
des décideurs qui consultent l’habitant lambda,
mais au final, promoteurs et élus décident. "
"Gouverner, c’est prévoir l’avenir,
dit-on ". Oui mais dans cet avenir encerclé de voitures,
quelle place à la culture? L’enjeu est une image
de marque d’entrée Nord de la ville. Les
félicitations des élus ne
m’impressionnent pas.
Qu’ont’ils
fait depuis 20 ans pour aider concrètement la restauration
et l'animation des lieux ? "Porteur de projet ou militante
culturelle"
comme l’on m’appelle, notre quotidien reste une
vaste galère malgré 24 ans de travail quotidien.
Journaux,
télévisions and co, ne changent en rien le
débat fondamental, comment vivre avec des clopinettes et
restaurer la Casa?
J’en suis toujours
à l’An 01 du projet Casa Maures.
Inspection MH, Ministre Aillagon 04